502 députés ont voté hier soir pour un report de la date du Brexit

Hier soir, les députés ont voté par 502 voix contre 20 en faveur d’un amendement soutenant la proposition de Theresa May de reporter brièvement la date du Brexit.

Face aux multiples menaces de démission des membres de son gouvernement, qui refusent une sortie sans accord, Theresa May avait dû se résoudre mardi à envisager un éventuel report du Brexit. Le Parlement britannique est largement en faveur de ce report.

Jon Tyson-UnsplashSa nouvelle stratégie se résume en 3 dates :

• Vote du Parlement, le 12 mars au plus tard, sur une (éventuelle) version modifiée de l’accord de sortie qu’elle aura pu négocier avec Bruxelles.

• Si les députés rejettent cette nouvelle version de l’accord, un vote sur une sortie de l’UE sans accord aura lieu le 13 mars.

• Si les députés rejettent une sortie sans accord, un vote sur un report limité du Brexit aura lieu le 14mars.

Hier soir les députés ont également voté contre l’amendement du Labour (240 pour 323 votes) proposant le maintien du Royaume-Uni dans une union douanière avec l’UE après le Brexit. Comme il l’avait promis en cas d’échec du vote, Jeremy Corbyn va donc présenter un nouvel amendement réclamant un deuxième référendum le 12 mars prochain.

Ralentissement de l’économie britannique de 6 à 9 % pendant 15 ans ?

Selon une analyse du gouvernement britannique publiée hier soir, le pays n’est pas prêt à quitter l’UE sans accord le 29 mars prochain. Le rapport se veut aussi alarmiste en matière économique.

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La Première ministre, Theresa May, a annoncé hier aux députés britanniques que, s’ils ne ratifient pas le 12 mars le projet d’accord de retrait négocié, un vote sur un Brexit sans accord sera prévu le 13 mars. Si celui-ci est négatif, un vote sur un report de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sera organisé le 14 mars. Une sacrée semaine en perspective !

Dans le rapport publié hier, le gouvernement lève aussi le voile sur les conséquences catastrophiques d’un no-deal. Résumé en 6 points :

  • Un ralentissement de l’économie de l’ordre de 6 à 9 % lors des 15 prochaines années
  • Un manque de préparation évident des entreprises à une sortie sans accord
  • Des contrôles douaniers qui pourraient coûter £13 millions de livres sterling par an, un coût qui sera supporté par les entreprises
  • Des blocages très importants à Douvres pendant plusieurs mois
  • Une hausse des prix significative, en particulier pour les produits frais et une pénurie dans les supermarchés
  • La signature de seulement 6 accords internationaux sur les 40 prévus

Le kit de survie « faire pousser ses légumes » fait son apparition

A quelques semaines de la date officielle du Brexit, l’industrie alimentaire est inquiète. Une sortie sans accord entraînera une pénurie alimentaire et une flambée des prix notamment pour les fruits et légumes. Certains britanniques ont trouvé la solution.Brexit kit survie faire pousser ses légumes fruits fait son apparition

Avec le risque plus pressant d’une sortie sans accord, l’industrie alimentaire s’est mobilisée. Les 3/4 de la capacité de stockage des entrepôts sont réservés jusqu’à l’été, tous les compartiments frigorifiques sont déjà utilisés. Le stockage est possible pour la plupart des produits alimentaires, y compris les surgelés. Mais la bête noire des détaillants semble être l’approvisionnement en fruits et légumes. Ces produits frais ne peuvent pas se stocker au-delà de deux jours. Or, le Royaume-Uni dépend largement de l’importation pour ces denrées alimentaires.

De nombreux britanniques ont trouvé une solution: faire pousser eux-mêmes leurs fruits et légumes. Des conseils jardinage fleurissent sur les réseaux sociaux, y compris pour les salons des plus petits appartements londoniens ! Le marché s’est vite emparé de l’idée. Après la Brexit Box, c’est maintenant au tour du « Brexit Vegetable Growing Survival Kit » (kit de survie pour faire pousser ses légumes) de faire son apparition dans les rayons des jardineries. Comme le disent certains Preppers « au moins grâce au Brexit, les gens auront réappris à cuisiner et à jardiner ».

Brexit : Theresa May décale à nouveau le vote devant le Parlement

Statu quo à quelques semaines de la sortie de l’UE. Les négociations sont au point mort. Theresa May – face à des démissions successives de tous bords – décale à nouveau le vote prévu ce mardi.

clever-visuals-321135-unsplash (1)Aucun accord négocié pour le moment. L’Union européenne attend que les parlementaires britanniques prennent leurs responsabilités, les Britanniques attendent que l’UE cède sur le backstop. Les milieux économiques sont inquiets face à la multiplication des départs des entreprises étrangères.

Theresa May, qui avait précédemment annoncé la date du 26 février comme date butoir pour un nouvel accord négocié, a donc été obligé d’annoncer dimanche qu’elle décalait le vote prévu cette semaine à la Chambre des Communes pour dans deux semaines. Le nouveau vote est prévu un peu avant le 12 mars.

Il n’en faut pas plus pour les députés. Ils évoquent l’irresponsabilité du gouvernement et une tentative infâme de Theresa May de faire adopter son texte de force. Plusieurs ministres et députés plaident pour un report du Brexit si aucun accord de divorce n’est adopté dans les temps. Theresa May fera mardi une déclaration devant la Chambre des communes, veille d’un débat au Parlement sur la conduite à tenir.

Brexit : vers une nouvelle version de Koh-Lanta ?

Connaissez-vous les « Preppers »? Ce sont ces Britanniques qui se préparent à une sortie apocalyptique de l’Union européenne en stockant nourriture, médicaments et produits de première nécessité.

Il faut reconnaître que l’ambiance est plutôt anxiogène ces dernières semaines. Les députés et ministres s’accordent pour dire qu’une sortie sans accord serait catastrophique. Les entreprises étrangères fuient et les capitaux s’envolent. Les vols européens s’arrêtent petit à petit. D’interminables blocages à la frontière sont prévus provoquant pénurie de denrées alimentaires et de médicaments. Même l’évacuation de la reine est programmée !

Il n’en faut pas plus pour que certains Britanniques se préparent à l’auto-suffisance. Estimant que le gouvernement n’a rien prévu en cas de « no deal », les Preppers s’organisent eux-mêmes sur les réseaux sociaux. Ils échangent des techniques de survie (guide médical, auto-défense, connaissance des plantes, recettes maison) ainsi que des listes de produits indispensables. Au-delà du stockage de médicaments, de conserves et autres produits longue conservation, les Preppers conseillent de se préparer à une pénurie d’eau potable ainsi qu’à des coupures de courant ou d’approvisionnement en gaz. Ils préconisent donc l’achat de pastilles de désinfection pour l’eau, de bonbonnière de gaz, de bougies, de lampes à led. Une véritable expérience à la Koh-Lanta !neil-thomas-330134-unsplash.jpg

Barnier, ce matin, sur Europe 1 : «aujourd’hui, je suis inquiet»

Interviewé ce matin, le négociateur en chef de l’Union européenne pour le Brexit a fait part de ses préoccupations face à l’immobilisme des négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.

European Union's chief Brexit negotiator, Michel Barnier attends a media briefing with Britain's Secretary of State for Exiting the European Union, Dominic Raab, after a meeting at the EU Commission headquarters in Brussels« Aujourd’hui je suis plus inquiet qu’avant car nous nous rapprochons d’une date que les Britanniques ont choisi eux-mêmes. (..) Nous avons besoin de décision, et que chacun prenne ses responsabilités. Nous avons pris les nôtres. C’est aux Britanniques de prendre leurs décisions et d’assumer les conséquences des décisions qu’ils ont prises démocratiquement. »

«Je pense qu’il reste encore une chance de sauvegarder cet accord, de garder la confiance dont nous avons besoin entre Européens et Britanniques pour tricoter une relation différente. »

Interrogé sur les concessions qu’il était encore susceptible d’accorder, Michel Barnier insiste sur l’importance du maintien du filet de sécurité entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord. C’est un double problème. De sécurité, évidemment, avec le risque d’une résurgence des conflits à la frontière, mais aussi de mise en danger du marché unique.

Les différentes rencontres entre Londres et Bruxelles de ces derniers jours n’ont pas créé d’évolutions significatives. Interrogé sur un éventuel report du Brexit, Michel Barnier déclare « ce sont les dirigeants européens qui décideront d’un report de la date du Brexit. Mais ils demanderont aux Britanniques : pourquoi faire ? combien de temps ? »

La pilule a du mal à passer pour l’agence européenne du médicament

L’agence européenne du médicament va quitter Londres le 1er mars avec une facture exorbitante. Elle n’a pas obtenu la résiliation de son bail et devra verser 20 millions d’euros par an jusqu’en 2039.

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L’agence européenne du médicament installée dans ses locaux de Canary Wharf avait obtenu un bail de longue durée prévu jusqu’en 2039. C’est une pratique courante au Royaume-Uni. Les locataires s’engagent sur une longue durée avec un revenu fixe. Tout le monde y trouve son compte.

Sauf que rien ne laissait présager que l’agence devrait quitter le Royaume-Uni. Le vote en faveur du Brexit a changé la donne et l’agence, tenue légalement d’être installée dans un pays membre de l’Union européenne, doit déménager pour les Pays-Bas. Après une tentative avortée de rupture du bail à l’amiable, la Haute Cour de justice donne raison aux propriétaires, le Canary Wharf Group. Le droit anglais ne considère donc pas le Brexit comme « un événement inattendu pouvant modifier les conditions d’exécution d’un contrat ». L’agence européenne se voit obligée de continuer à verser ses loyers après son départ du Royaume-Uni. S’il est vrai que cette décision est un réel soulagement pour le secteur immobilier britannique, évitant ainsi une série de résiliations chaotiques, le Brexit risque de laisser une facture salée à tous ceux qui souhaitent se défaire de leurs baux.

Le Royaume-Uni en guerre contre la consommation excessive de vêtements

Coïncidence de calendrier ? Le dernier jour de la fashion week à Londres, le Comité d’audit environnemental de la Chambre des Communes appelle à un éveil écologique de l’industrie de la mode.

L’impact écologique de cette industrie est colossal : que ce soit sur le climat, pour sa consommation d’eau ou encore par sa pollution chimique et plastique. La prise en compte des enjeux environnementaux par l’industrie du vêtement émerge enfin. Dans leur rapport, les députés évoquent la nécessité de créer un nouveau modèle économique, davantage en phase avec la protection de l’environnement, pour rendre la mode plus responsable.freestocks-org-187367-unsplash

£140 millions de vêtements jetés chaque année…

Mary Creagh, présidente du comité, est consternée : « Au Royaume-Uni nous achetons plus de vêtements que dans n’importe quel autre pays de l’UE (soit 26,7 kg par personne). Nous achetons et jetons à une vitesse incroyable (fast fashion). 140 millions de livre sterling de vêtements partent ainsi à la décharge chaque année. »

Le comité demande au gouvernement de reformer le système d’imposition avec des avantages incitatifs pour les produits respectueux de l’environnement dans un esprit d’économie circulaire. Parmi les mesures phares proposées par les députés, on retrouve la « penny tax », le prélèvement d’un penny sur chaque article vendu par les grandes enseignes, le développement de services de location de vêtements ou encore la réintroduction de de la couture à l’école pour que les enfants sachent repriser leurs vêtements plutôt que d’aller en racheter dès le premier accroc.

Ces mesures permettraient de réinjecter 35 millions de livres dans le développement des techniques de recyclage et d’intégration de la mode dans l’économie circulaire.

Donald Tusk se prend-il pour Saint Pierre?

A quelques semaines du Brexit, Theresa May retourne aujourd’hui à Bruxelles pour essayer de renégocier le « backstop ». Selon elle, Bruxelles n’a d’autres choix que d’accepter pour éviter un « no deal ». Pourtant l’Union européenne a très officiellement répondu qu’elle ne rouvrirait pas les négociations sur l’accord de retrait de l’Union européenne._100517272_tusk

Michel Barnier, négociateur en chef du Brexit, a réitéré l’importance du filet de sécurité précisant qu’il constitue une garantie du respect de l’accord de paix du Vendredi Saint. L’UE se veut réaliste face à un calendrier très court. Au bout de deux ans de négociations, il n’y a plus d’appétit pour jouer avec Londres jusqu’à la dernière minute.

Mais les tensions sont palpables des deux côtés de la Manche. Le 6 février Donald Tusk, président du Conseil européen, s’en est pris aux Brexiters pour n’avoir pas anticipé les conséquences d’une sortie sans accord du Royaume-Uni. Il évoque « la place spéciale en enfer réservée » à ceux qui ont fait la promotion du Brexit « sans même l’ébauche d’un plan pour le réaliser en toute sécurité ». Cette vision dantesque du Brexit n’a pas manqué de déclencher de vives réactions du côté britannique. Les députés se sentent insultés et humiliés. L’ancien patron de l’Ukip Nigel Farage considère que la sortie de l’UE permettrait de libérer le Royaume-Uni de ces « tyrans arrogants et non élus ». Pour lui il s’agirait donc plutôt du « paradis ».

Quoiqu’il en soit Saint Pierre en décidera. Pour le moment, les dirigeants européens doivent se réunir à nouveau aujourd’hui pour tenter de trouver une solution acceptable par tous.